Ep. 11 - Thibault Prioul de l’Opéra National de Paris
Et si les réseaux sociaux n’étaient pas là pour promouvoir, mais pour émouvoir ?
C’est le fil rouge de cet épisode de Visiteur 360, Les Coulisses de l’Émotion avec Thibault Prioul, Responsable des réseaux sociaux à l’Opéra national de Paris.
Il partage sa vision très humaine et sensible de la communication digitale dans le secteur culturel.
De la captation d’émotions sur scène à la valorisation des métiers en backstage, il nous montre comment les réseaux sociaux peuvent transformer la perception d’un lieu culturel et créer un lien puissant avec les visiteurs.
Dans cet épisode, on parle de :
L’importance du lien entre réseaux sociaux et expérience en salle
Comment créer de l’engagement réel avec un lieu culturel d’exception
L’impact des contenus coulisses dans une institution prestigieuse
Un témoignage passionnant pour celles et ceux qui veulent repenser leur communication, rendre la culture plus accessible…et faire des coulisses un vrai moteur d’émotion pour leurs visiteurs et spectateurs.
Si vous souhaitez voir le “This or That” de Sabine Devieilhe la video est disponible ici.
Écoutez dès maintenant et découvrez comment faire vibrer le public jeune dans les lieux de culture et de loisir :
🙋🏽♀️ Un grand merci à Clément Duparc de Tribus Echoes Production pour la création unique de notre identité musicale : https://tribusechoesproduction.com/
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Transcript
Mirabelle
Alors aujourd'hui, on vous fait traverser le pont entre deux rives a priori bien éloignées. D'un côté les réseaux sociaux avec ses algorithmes, la course aux contenus engageants et sur lesquels on scroll sans fin. Et de l'autre, les spectacles de l'Opéra National de Paris où l'émotion vivante, brute et live se joue tous les soirs au cœur de la capitale. Pourtant, ces deux univers ont bien un point commun, on perd la notion du temps lorsqu'on y entre. Et finalement, ils se complètent car tous les deux font vivre et enrichissent l'expérience des spectateurs, que ce soit dans la salle ou sur les écrans de nos smartphones.
Pauline
Pour en parler, nous avons le plaisir d'accueillir Thibault Prioul, responsable des réseaux sociaux à l'Opéra National de Paris. Bienvenue dans Visiteur 360, les coulisses de l'émotion Thibault.
Thibault
Bonjour Mirabelle, bonjour Pauline.
Pauline
Alors avant d'entrer dans le cœur du sujet, on aime toujours commencer par une question d'émotion pure, une question un petit peu plus personnelle. Est-ce que tu peux nous raconter une visite, une expérience, un moment de spectacle qui t'a fait vraiment vibrer et pour lequel tu as ressenti une émotion particulièrement forte ?
Thibault
Quand vous m'avez posé cette question en préparant l'enregistrement, je me suis dit mais qu'est-ce que je vais choisir ? Il y en a tellement que j'aimerais pouvoir partager avec vous. Mais la première émotion qui m'est venue, c'est une visite que j'ai faite il y a fort longtemps et justement, elle m'a marqué. J'avais 17 ans en voyage scolaire en Chine et j'avais été visiter à Xi'an l'armée des Ming en terre cuite. Et en fait, la mise en scène de cette découverte de l'armée était incroyable. Vous montez quelques marches et en fait, vous ne voyez toujours rien avant même d'être arrivé au sommet. Et quand vous arrivez au sommet, vous avez cette armée qui vous fait face. Même encore en en parlant aujourd'hui, j'en ai des frissons tellement c'était dingue. Donc ouais, c'est vraiment l'émotion certainement la plus pure et la plus forte que j'ai pu vivre quand j'étais jeune. Et elle m'a marqué, je pense, à vie, cette émotion.
Pauline
Et tu penses que cette visite-là, cette expérience-là, elle a eu un impact, une influence sur tes choix après dans ton métier ?
Thibault
Pour être tout à fait honnête, ça a intensifié en tout cas mon envie, mais mon envie, elle a toujours été là. Je faisais des spectacles étant tout petit avec mes cousines, mais voilà, par la suite, ma carrière a fait que j'ai aussi travaillé dans des musées. Donc finalement, en effet, j'ai allié les deux passions, visite et spectacle vivant.
Pauline
En tout cas, ça n'a pas nourri d'affinité avec le côté militaire.
Thibault
Pas du tout. Non, alors ça, vraiment pas.
Mirabelle
Ça fait du coup une belle transition avec la question d'après. Est-ce que tu peux justement nous partager ton parcours ? Et on l'a dit en introduction, aujourd'hui, tu es responsable des réseaux sociaux à l'Opéra National de Paris. Donc justement, ton parcours pour arriver. jusqu'à l'opéra ?
Thibault
Oui, alors moi, j'ai un parcours de communicant. À l'issue de mon lycée, j'ai fait toutes mes études supérieures en communication. Je ne savais pas du tout ce que j'avais envie de faire comme métier. Il n'y avait qu'un seul métier qui m'intéressait sur Terre, c'était être comédien. Je ne voulais rien faire d'autre. Je lisais dans les brochures d'orientation tous les métiers qui existaient. J'étais là, mais rien ne m'intéresse. Et puis, c'est une conseillère d'orientation. J'aime à le dire parce que souvent, on dit à quoi sert l'électro-conseillère d'orientation ? Celle-ci, elle m'a servi. Elle m'a dit pourquoi tu ne veux pas faire de la communication ? Finalement, c'est un peu être comédien que de faire de la communication.
Mirabelle
Et là, commence. Thibault se lance dans des études de com' et naturellement, il se tourne vers le secteur culturel. Il passe par la cité de l'architecture, le centre de musique de chambre de Paris, puis le théâtre du Châtelet. Il touche à tout. Communication, réseaux sociaux, accueil, billetterie, relations publiques. Mais c'est au théâtre du Châtelet que Anne Rubenstein, secrétaire générale de ce théâtre, lui propose de créer un poste sur mesure autour des réseaux sociaux. Avec une vraie place pour l'influence, un sujet qu'il maîtrise et qu'il aime. Après 5 ans et demi, il a envie de nouveautés, de sortir de sa zone de confort, et en septembre 2024, il rejoint l'Opéra National de Paris. Bon, c'est à ce moment-là de l'enregistrement que Pauline dit un truc très intéressant sur les parcours non linéaires, mais un peu long pour un épisode de 35 minutes, alors je vous le résume. Oui, on peut rater son bac. Oui, on peut changer de voie. Et oui, on peut se tracer un parcours non planifié, mais carrément inspirant et arriver à l'Opéra National de Paris.
Pauline
Et arriver finalement à ses fins ou en tout cas être épanoui dans le métier qu'on occupe. Je trouve que ça aide beaucoup les jeunes notamment à se guider eux-mêmes vers des bonnes décisions et faire les bons choix. Prochaine question, elle est... Alors, on connaît tous l'Opéra National de Paris de principe.
L’Opéra National de Paris : un monument de l’émotion
Ce qu'on aimerait, c'est que tu nous en parles un petit peu plus, que tu nous révèles, on va dire, brièvement, mais en tout cas quand même que tu nous présentes quel est ce site et ce qui, selon toi, fait que ce lieu suscite autant d'émotions pour les visiteurs qui le connaissent, ceux qui ont eu l'occasion de le visiter, puis ceux qui rêveraient de le faire.
Thibault
Alors oui, l'Opéra National de Paris, c'est une énorme maison. C'est quand même l'une des plus grandes institutions en France. Et c'est vrai que... Il faut y travailler, je pense, pour se rendre compte de ce mastodonte qu'est l'opéra. Alors, j'aime à le rappeler parce que souvent, les gens ne le savent pas forcément. L'Opéra National de Paris, c'est l'opéra de Bastille et le Palais Garnier. Un construit en 1875 et l'autre en 1989, mon année de naissance. Il n'y a pas de hasard. Et voilà, c'est une école de danse aussi qui est située à Nanterre. Il y a... énormément de salariés, c'est près de 1600 à 1700 salariés, l'Opéra de Paris. 154 danseurs, 174 musiciens, 100 artistes des chœurs. Voilà, donc il y a vraiment une masse artistique hyper importante à l'Opéra, mais aussi une troupe lyrique, des artistes en résidence, un junior ballet qu'on a créé en 2024 qui est composé de 24 élèves. Et puis à l'école de danse, comme j'en parlais, 150 élèves qui vont être formés plus tard à intégrer le ballet de l'Opéra national de Paris qui est... certainement l'un des plus beaux ballets et les plus talentueux ballets au monde. Et puis si on se place du point de vue des spectateurs, parce que c'est ça aussi qui nous intéresse évidemment, c'est évidemment l'institution qui se veut être l'excellence artistique, l'excellence lyrique et chorégraphique, avec près de 30 productions par an. Donc c'est énorme, 30 productions par an. C'est 375 levées de rideaux par an. Donc si on fait un petit ratio, vous voyez qu'il n'y a plus d'un spectacle par soir. Le Palais Garnier et l'Opéra Bastille se visitent également. Et donc, c'est près d'un million de visiteurs rien que pour le Palais Garnier par an. Donc, il y a vraiment un énorme flux de visiteurs nationaux et internationaux qui viennent visiter le Palais Garnier, mais aussi les coulisses de l'Opéra Bastille. Puisque les coulisses se visitent, on peut aller visiter les ateliers, le plateau, qui sont juste énormissimes à Bastille. C'est vraiment une ville dans une ville.
Pourquoi le Palais Garnier fait-il tant rêver ?
Pauline
Qu'est-ce qui fait que les gens fantasment autant sur ce lieu ? Alors, je me dis, peut-être que je me trompe, et tu me corriges si c'est le cas, pour moi, l'Opéra Garnier est quand même à une plus grande renommée que Bastille. En attendant, qu'est-ce qui fait que ça suscite autant d'émotions et autant d'envie d'aller le visiter ? Qu'est-ce qui fait sa renommée, en fait ?
Thibault
Tu as tout à fait raison. Le Palais Garnier est plus connu que l'Opéra Bastille. Et nous, on a à force aussi à la communication de... d'essayer de faire venir les gens à l'Opéra Bastille. Déjà, la magie du lieu. Rien que le lieu, il est incroyable. C'est un énorme bâtiment pour l'époque, je parle, parce que Bastille est évidemment beaucoup plus grand et beaucoup plus imposant que Garnier. Donc, rien que le lieu, déjà, rentrer dans ce lieu avec cet escalier majestueux qui vous accueille comme ça, c'est déjà saisissant. Après, quand vous vous promenez dans les espaces communs, donc ce grand foyer, les rotondes qui sont à droite et à gauche, sont vraiment... C'est splendide, c'est vraiment un lieu qui est magique. Les gens aiment faire des photos, aiment poser, aiment montrer qu'ils sont passés par le Palais Garnier. C'est un peu la case à cocher quand vous visitez Paris. Le Palais Garnier, c'est fait. Et donc, j'aime le montrer et je pense qu'on en parlera par la suite aussi. On aime montrer ça sur les réseaux sociaux, on aime dire qu'on y a été. Donc ça, ça participe aussi, évidemment, à l'émotion qu'on peut vivre dans une visite globale d'une ville, finalement, même voire d'un pays. Donc ça c'est la première chose. Et puis après il y a la magie du spectacle vivant évidemment. Les spectacles de l'Opéra de Paris, ce sont des productions maison. La majorité des spectacles, enfin 95% des spectacles que l'on produit chez nous, ce sont des productions Opéra de Paris, dont les artistes en résidence qui sont certains artistes de l'Académie, mais aussi le ballet. qui est peut-être le genre chorégraphique le plus populaire. La danse, c'est quand même ce qui est le plus populaire par rapport aux lyriques. Ça fait rêver les gens, ça fait rêver les petites filles qui ont envie d'être des ballerines. Elles ont toutes eu des boîtes à musique avec des petites danseuses à l'intérieur. Les spectacles qu'elles peuvent voir quand elles sont gamines également. Et après, elles ont des figures qui peuvent être inspirantes pour elles par la suite. Donc, dès tout petit, en fait, on a envie de rêver. d'être un jour ballerine, d'être danseuse étoile dans une institution comme la nôtre. Et puis voilà, les décors, l'orchestre qui est présent en fosse, ce n'est pas de la musique enregistrée, tout ça, tout mis bout à bout, participe finalement à une expérience. Et ça, c'est vrai que j'aime beaucoup le raconter, que quand on vient à l'Opéra de Paris, on est là pour vivre une expérience. Il y a des gens qui sont fidèles, qui viennent là. très régulièrement, qui ont des abonnements. Mais il y a des gens aussi qui n'ont pas forcément les moyens de se payer régulièrement un spectacle au Palais Garnier ou à l'Opéra Bastille. Et donc, ils aiment se payer de temps en temps une soirée. Une soirée extraordinaire. Comme vous vous payez un très très bon resto de temps en temps, vous allez vous payer une soirée extraordinaire. Je vais arriver plus tôt pour pouvoir visiter le Palais Garnier et puis après, je vais rentrer dans cette salle incroyable avec le plafond de Chagall. Tout ça participe à une émotion toute particulière.
Pauline
Vous avez très bien décrit.
Mirabelle
Clairement. C'est vrai, quand on pense à l'opéra, notamment au Palais Garnier, on voit vraiment le côté exceptionnel, mais aussi un peu tradition. Et comme tu dis aussi, ce monument vraiment iconique et qui transmet aussi beaucoup de magie, que ce soit de par son architecture et les spectacles qu'on peut y voir.
La mission des réseaux sociaux à l’Opéra de Paris
Mais justement, vous êtes aussi, pour faire le lien avec les réseaux sociaux, ancré dans le présent. Et c'est ce qui fait, je pense, le lien entre ce côté patrimoine, culturel et peut-être un public plus connecté. Quel est l'objectif pour l'Opéra National de Paris ? Quelle est votre vision ? Et comment vous mettez en scène tout ce qu'on vient de dire à travers les réseaux sociaux ?
Thibault
Alors... La première mission des réseaux sociaux et de toute façon la première mission de la communication d'un établissement culturel, c'est évidemment de transmettre, de véhiculer l'émotion que l'on peut vivre dans les salles au travers des écrans. Alors c'est toujours un petit peu difficile de le dire comme ça, mais en tout cas c'est de susciter une envie auprès du public pour qu'il puisse prendre un billet et venir vivre l'émotion pleinement depuis la salle. Donc ça c'est la mission première, c'est une mission on va dire certainement peut-être un peu mercantile. qui nécessitent de remplir nos salles. Ça, c'est quand même la priorité.
Mirabelle
Mais vous en servez aussi pour faire la promotion, justement, de venir visiter les lieux ?
Thibault
Alors, pour être complètement honnête avec vous et transparent, on n'a pas d'utilité à le faire parce que ça se remplit tout seul. Alors, on aime parler du patrimoine. Et ça, c'est des missions que moi, j'aimerais bien développer au sein des réseaux sociaux et transmettre davantage l'histoire du patrimoine historique et culturel de l'opéra, puisqu'on le fait assez peu pour le moment, parce que... Notre planning éditorial est extrêmement rempli et qu'on a beaucoup de choses à véhiculer et à raconter sur nos réseaux. Mais de temps en temps, ça nous arrive de parler de patrimoine. Là, typiquement, c'est les 150 ans du Palais Garnier sur l'année 2025. On a parlé beaucoup de patrimoine. Mais l'émotion, elle ne se vit pas que par la visite, même si en effet, le fait de venir à un spectacle, finalement, on visite aussi le lieu. Et ça, ça participe vraiment à l'expérience globale. que l'on peut vivre dans un lieu. Les photos sur les réseaux sociaux, on en reçoit énormément, des gens qui visitent le palais, mais même pour aller voir un spectacle et mettre des stories sur Instagram du grand foyer, du plafond de Chagall, de leur place, etc.
UGC, public international et prolongement de l’émotion
Pauline
Nos fameux UGC.
Thibault
Les fameux UGC, exactement, que nous, on va essayer d'ailleurs de développer davantage dans notre communication pour avoir une communication peut-être un petit peu plus authentique et peut-être un peu moins institutionnelle, cette institution qui... qui s'adresse au public et d'une façon descendante. On aime bien aussi d'avoir quelque chose de plus ascendant.
Pauline
Quand on parle de UGC en marketing, cela signifie « user-generated content » . Et en français, ça désigne l'ensemble des contenus générés et publiés par les utilisateurs d'une marque sur Internet et surtout sur les réseaux sociaux. Les clients qui postent des vidéos de leurs visites, mais aussi les collaborateurs qui exposent la vie en entreprise, sont des UGC. des contenus authentiques, comme le dit Thibault, et qui renforcent la notoriété de la marque.
Thibault
Mais voilà, donc la mission première, remplir nos salles, et la deuxième, c'est évidemment de transmettre la beauté chorégraphique et la beauté lyrique sur nos réseaux, auprès d'un public qui est français, mais aussi... très international, voire même majoritairement international. C'est assez étonnant de se dire ça, même si en effet, dans nos salles, c'est un public plutôt francilien, parisien qui vient visiter, enfin pas visiter le Palais Garnier, mais en tout cas, venir voir nos spectacles. Sur nos réseaux sociaux, c'est plutôt le contraire. C'est un public plus international qui nous suit et assez peu francilien et parisien.
Pauline
Les réseaux sociaux, c'est aussi parce que tu disais, tu vois le prolongement de la salle. sur le format digital, pour ceux qui sont plus à distance. Et donc, du coup, de fait, les Franciliens, ils ont plus l'occasion de se rendre sur place, d'assister à des spectacles. Et donc, peut-être qu'eux sont moins enclins à utiliser les réseaux sociaux pour être tenus informés de l'actualité de l'opéra.
Thibault
De l'institution. Alors, honnêtement... En volume, ça représente beaucoup, parce qu'on a plus de 2 millions d'abonnés sur nos réseaux sociaux, tout confondu. En nombre de personnes, ça représente quand même énormément de monde qui nous suit sur les réseaux. Mais je pense que l'excellence, l'exigence même, j'aimerais dire, artistique de l'opéra fait que ça rayonne au-delà de nos frontières et au-delà des frontières parisiennes et au-delà des frontières françaises. Je pense qu'il y a beaucoup de gens qui suivent nos réseaux à l'international. parce que ça fait rêver Paris. Paris, la France, c'est toujours une destination assez incroyable. Et donc, je pense que les gens nous suivent aussi pour ça. Mais ce n'est pas pour autant que le public parisien ou francidien est en reste. Et c'est même eux qui commentent davantage nos publications sur les réseaux, parce que c'est eux qui achètent. Donc, il y a aussi une certaine attente de ce public-là derrière. Donc, ils aiment à dire quand ils ont aimé, mais ils aiment aussi à dire quand ils n'ont pas aimé.
Capturer et transmettre l’émotion du live sur les réseaux
Pauline
Ça, c'est typiquement français. Tout à fait. On a un esprit critique qui est ce qu'il est et qui finalement permet d'obtenir plein de retours aussi en matière de la part des visiteurs aussi. Donc, c'est en fait hyper intéressant. Pour continuer sur le sujet des réseaux sociaux, qui est le sujet qui nous rassemble aujourd'hui, dans l'idée que ces réseaux sociaux fassent le lien entre ce qui se passe live lors des spectacles et ce qu'on imagine, ce que les visiteurs ou ceux qui aimeraient y assister imaginent. L'idée, c'est-à-dire que comme c'est quelque chose de live, ça ne paraît pas forcément évident comme ça de voir comment les réseaux sociaux jouent vraiment le rôle clé qui fait le lien entre l'institution, donc entre le site culturel et les spectateurs, voire les fans, on peut dire. Comment vous arrivez finalement à... à capturer les moments live, si tu veux, et à transmettre l'intensité des émotions vécues sur scène via les réseaux sociaux ? Parce que finalement, il y a quand même cette distance-là qui existe, qui est quelque chose de virtuel finalement, même si c'est réel. Donc, il y a cette dichotomie-là. Comment vous arrivez à capturer ? Quel type de contenu vous postez, vous publiez pour vraiment vous assurer que les émotions vécues sur scène sont transmises sur les réseaux ?
Thibault
En termes de communication, on est souvent sur du avant pendant après. L'expérience, elle est assez globale quand même. Et c'est important de l'avant, j'en parlais un peu tout à l'heure, mais transmettre l'émotion du spectacle au travers d'extraits de spectacles qui sont extrêmement bien filmés, évidemment, parce qu'on a un service audiovisuel chez nous. Donc, tout est très chiadé dans l'esthétique. Donc, ça peut susciter l'envie après de venir dans la salle. Donc, l'avant, il est important. Le pendant, c'est le... peut-être le plus complexe parce qu'on ne peut pas, pour des questions de droit, etc., de diffuser en live sur nos réseaux sociaux des représentations. Néanmoins, on a, et j'aime le raconter quand même, une plateforme de streaming qui s'appelle Pop Paris Opéra Play qui est le Netflix de l'Opéra de Paris, si je me permets de vulgariser le propos, qui, de temps en temps, fait des captations en direct des représentations à Garnier ou à Bastille. Donc ça, c'est peut-être le pendant. Et donc, on communique beaucoup sur ça, sur cependant, en disant soyez au rendez-vous, achetez votre place virtuelle pour pouvoir suivre tout ça. Mais il y a aussi l'après. C'est peut-être, à mon sens, le plus important. Et ça, c'est un sentiment qui est partagé par notre public qui nous le demande. C'est quand on a des grands moments de vie artistique, notamment autour de la danse, évidemment, puisque c'est le genre le plus populaire, quand on a une nomination d'étoile. ou quand on a des adieux à la scène d'une étoile, malheureusement, on n'a que 1700 places dans la salle. Et donc, sur les 2 millions d'abonnés qui nous suivent, il y a des frustrés, des gens qui disent « Ah, mais je n'ai pas réussi à avoir de place, je ne pourrais pas être là dans la salle. » S'il vous plaît, montrez-nous ce qui s'est passé ce soir-là quand ils ont... ils ont été nommés ou quand ils ont salué. Il y a aussi un côté où le public qui est dans la salle, lui, ne se prive pas de filmer au moment des adieux ou au moment d'une nomination et de diffuser sur les réseaux sociaux. Donc, il faut que l'opéra, lui aussi, soit au taquet et qu'il montre en tant qu'institution de féliciter ces danseurs étoiles et de remercier ces danseurs étoiles qui font des adieux à la scène. Donc, je prends un exemple, les adieux à la scène de Mathieu Gagnon, par exemple, qui était extrêmement populaire dans notre communauté sur les réseaux sociaux. Il y a eu plein de frustrés, évidemment, puisqu'ils ne pouvaient pas tous être au rendez-vous. Donc moi, j'étais le jour J dans la salle, enfin même sur scène, dans les coulisses, à filmer ces adieux. Et c'est une vidéo qui a explosé, qui a explosé sur les réseaux sociaux. Et les gens ont remercié Mathieu Ganio au travers des réseaux sociaux de l'Opéra pour toutes les émotions qu'il a véhiculées tout au long de sa carrière.
Mirabelle
Ça permettait d'avoir un lien direct presque avec Mathieu Ganio.
Thibault
Exactement. Le public aime se rappeler des moments de vie incroyables qu'ils ont pu vivre avec lui. Il y a une certaine proximité qui s'opère entre le public et les danseurs étoiles. Les balétomanes, comme on les aime les appeler et qu'ils s'appellent eux-mêmes, prennent leur place en fonction des distributions. Ils ne viennent pas voir un spectacle, ils viennent voir un danseur ou une danseuse ou plusieurs danseurs ou plusieurs danseuses dans une représentation parce qu'ils sont fans. de leur façon d'interpréter sur scène. Et donc voilà, quand on fait une nomination d'étoile, on se doit de diffuser les photos ou la petite vidéo avec Alexander Neff, notre directeur général, qui nomme en direct sur scène, au micro, le danseur étoile ou la danseuse étoile. Et ça, on le diffuse sur les réseaux et c'est souvent des vidéos qui fonctionnent extrêmement bien.
Le rôle clé des réseaux pour renforcer le lien avec le public
Pauline
Tu parlais de ce lien affectif. Est-ce que tu penses que les réseaux sociaux, ça permet d'amplifier ce lien-là ?
Thibault
En tout cas, les réseaux sociaux, ils participent certainement à briser une barrière qu'on peut avoir, une barrière physique qu'on peut avoir. C'est-à-dire qu'on peut se dire, l'opéra, ce n'est pas fait pour moi, je ne vais pas y aller, je ne vais pas y rentrer parce que... On nous pose souvent la question sur les réseaux, est-ce qu'il faut que je m'habille bien pour venir au Palais Garnier, par exemple ? Alors, à l'Opéra Bastille, on ne pose pas la question, mais au Palais Garnier, d'un coup, on se pose la question. Mais est-ce qu'il faut qu'on soit bien habillé pour venir dans cette salle ? Il y a encore des barrières psychologiques où les gens se disent que ce n'est pas fait pour eux.
Pauline
Des a priori, quoi.
Thibault
Oui, des a priori, exactement. Le fait de s'abonner à un compte sur son téléphone, cette barrière est complètement enlevée. personne ne nous regarde, personne ne nous regarde comme on est habillé. Et puis si on veut poser une question, nous on est derrière et on y répond. Donc il y a un lien direct qui s'opère entre notre public et l'institution. Quand on nous pose une question, on répond tout de suite à nos spectateurs et à nos spectatrices et souvent ils sont assez honorés de voir que l'Opéra de Paris leur répond. Alors parfois même c'est en public, quand on leur dit, ils nous disent « Ah c'était incroyable hier soir, je suis venu voir Mathieu Ganio par exemple. » dans telle représentation, c'était incroyable. Merci pour tous ces moments que vous nous avez fait vivre. Nous, on aime bien les remercier. C'est important pour nous de dire à notre public merci d'avoir pris le temps de nous remercier. C'est important pour nous de montrer qu'on apporte de l'attention à notre public. De temps en temps, on a des spectateurs et des spectatrices qui disent « Ah, mais l'Opéra de Paris m'a répondu, c'est incroyable ! » Alors que bon, on est comme tout le monde. On est derrière notre ordinateur et on ne fait rien d'extraordinaire. Mais en tout cas, pour eux, c'est... ça signifie quelque chose. Ils sont considérés, ils sont écoutés. Et je crois que ça, c'est une mission qui est hyper importante, en tout cas à la communication, c'est le lien de proximité qu'on peut établir avec le public.
Mirabelle
Le fait aussi de montrer les coulisses, ça fait rentrer les followers, on va dire, un peu aussi dans l'intimité du spectacle, de l'opéra de manière globale, mais aussi d'un spectacle en particulier, quand vous faites des coulisses, que ce soit sur les métiers. Sur les décors ou sur les costumes aussi, on rentre un peu aussi dans l'intimité finalement via les réseaux sociaux.
Thibault
Complètement. Ça, c'est une des missions aussi que l'on a à l'Opéra de Paris, c'est de valoriser les métiers et les talents des équipes techniques. Parce que tout est produit en interne, les costumes, les décors, les accessoires, les sculptures, tout ce que vous voulez, tout est produit vraiment chez nous. Et donc, on aime à valoriser ces métiers-là. C'est hyper important pour nous. Et c'est important que le public se rende compte aussi ce que c'est que de monter un spectacle. Parce que souvent, quand on arrive dans la salle, on s'installe. On est ému par le spectacle qu'on vient de voir, on est impressionné par ce qu'on vient de voir. Là, on a la Belle au Bois-Dormant en ce moment sur scène. Les décors sont impressionnants, il y a énormément de costumes, il y a l'orchestre dans la fosse, le junior ballet en plus qui vient grossir le nombre d'artistes sur scène. Donc c'est très impressionnant, mais en fait, on ne se rend pas compte ce que c'est que de produire tout ça. Donc on aime aller dans le central costume, montrer les équipes, confectionner les costumes. montrer les détails parce qu'on ne les voit pas forcément de loin. Mais c'est de l'or, ils ont de l'or dans les mains, ces personnes-là. Vraiment, quand on fait les toiles de fond, peut-être que certaines personnes peuvent imaginer que c'est des grandes impressions offset qu'on fait imprimer chez le mec du coin. Pas du tout. Là, on a un spectacle en ce moment, une double soirée de danse mat sec Charonégal. Dans un des deux spectacles, on a le rideau du Palais Garnier. qui est reproduit trois fois. Il a été peint par les équipes de l'opéra pour pouvoir être le plus authentique. On parlait tout à l'heure de tradition. On est aussi là-dedans quand même.
Mirabelle
Ce qui est intéressant, c'est que finalement, en montrant tout le travail en amont, tout ce qui est fait autour du spectacle, ça n'enlève rien à la magie. Au contraire,
Thibault
ça l'amplifie. Complètement. Même quand on fait des images dans les coulisses, on a un programme sur les réseaux. qui s'appelle Lumière sur les coulisses où en fait on montre aussi comment ils vivent dans les coulisses que ce ne sont pas des pantins en fait les artistes sur scène ce sont des humains et quand ils sortent oui ils sont essoufflés, oui ils sont crevés ils donnent tout pour leur public l'exigence elle est là, elle est présente et le seul moment où ils peuvent lâcher les rênes un peu c'est quand ils sont dans les coulisses par contre quand ils reviennent sur scène l'exigence elle revient et il n'y a rien qui bouge quoi Enfin, il y en a un qui bouge, on s'entend. Ça bouge énormément, mais en tout cas, il y en a un qui dépasse.
Derrière le prestige : arbitrer image institutionnelle et tendances digitales
Pauline
Ce qu'on disait, c'est que cette image d'excellence sur scène et cette réalité aussi humaine derrière, en coulisses, ça fait que c'est une image d'excellence, de prestige qu'il faut préserver, mais qui évolue ainsi avec son époque. Et du coup, quand on parle un peu de tendance aussi, de contenu des réseaux sociaux... pour valoriser encore une fois les sites ou autres comptes et autres marques, peu importe. Il y a effectivement cette tendance du « behind the scenes » , donc c'est exactement ce que vous faites en révélant les coulisses. Donc ça, ça fait partie des tendances que beaucoup mettent en avant, justement pour créer ce lien affectif et révéler aussi un peu des secrets. Comment vous arrivez à arbitrer, si tu veux, justement cette image d'excellence, de prestige et de tradition, avec aussi des nouvelles tendances digitales ? Comment vous faites le lien ? pont-là et comment vous arbitrez en fait, comment vous décidez de quoi mettre en avant pour maintenir l'image en fait ?
Thibault
Alors, déjà, petite précision, on aime dire que... de ne pas parler d'excellence mais d'exigence. J'aime le dire parce qu'excellence, en fait, on a un peu le sentiment de se positionner au-dessus. Oui, d'accord. L'exigence, c'est juste l'exigence artistique. Voilà, on se doit d'être...
Pauline
La rigueur, quoi.
Thibault
Voilà, la rigueur, exactement. Mais pas d'excellence parce qu'honnêtement, on ne se positionne pas au-dessus des autres.
Pauline
C'est surtout que du coup, vous restez humain.
Thibault
Exactement. Et ça, c'est hyper important de l'avoir en tête et de le rappeler. Après, je pense que sur les réseaux sociaux de l'opéra, on essaie de ménager un peu la chèvre et le chou entre ces contenus extrêmement bien travaillés, extrêmement esthétiques, et puis des contenus peut-être un petit peu plus bruts, un peu plus authentiques. Et ça, on essaie de plus en plus de le faire parce que ce sont aussi évidemment... pour être complètement honnête et transparent avec vous, des tendances que l'on voit sur les réseaux sociaux. Et il faut montrer que l'opéra vit avec son temps, qu'il n'est pas en décalage avec son époque et qu'il va continuer à faire de la communication traditionnelle, mais sur les réseaux sociaux. Non, les réseaux sociaux aujourd'hui, il y a des trends qui existent. On va essayer d'adapter ces trends-là à l'histoire de l'opéra, à l'univers du spectacle. Donc on se tord un peu dans tous les sens. les méninges pour essayer de trouver quelle mécanique on peut activer en valorisant le spectacle, mais en utilisant aussi des trends sur les réseaux sociaux.
Mirabelle
Et oui, à l'Opéra National de Paris aussi, on parle de trends sur les réseaux sociaux. L'équipe a repris le principe du « this or that » , ce jeu où on choisit entre deux options, et il l'a adapté au personnage de Pelléas et Mélisande. Avec Sabine Devieilhe, artiste très connectée, ça a donné un contenu pop décalé et totalement dans l'air du temps.
Thibault
et j'invite tous les auditeurs et auditrices d'aller voir la vidéo parce que forcément la fin est assez surprenante on mettra ça en lien dans le description de la vidéo bah voilà merveilleux
Voilà, donc c'est ça que j'aime raconter, c'est essayer de reprendre des traînes qui sont populaires et essayer de les adapter à l'institution, à ses objectifs, à cette volonté de transmettre aussi, de susciter l'envie en se disant finalement, l'Opéra de Paris, ce n'est pas si poussiéreux comme je pouvais l'imaginer. Ce n'est pas que des têtes blanches. Ils font des vis hors-atte, ils sont quand même vachement connectés. On peut peut-être aller voir ce que ça donne en salle.
Mirabelle
Ça peut aussi développer... les publics, en tout cas, attirer des nouveaux publics.
Thibault
Alors, on espère, en effet. Après, il y a cette deuxième barrière, qui est la barrière financière. On ne va pas se cacher derrière notre petit doigt. Elle est réelle. Si déjà, psychologiquement, ils se disent « En fait, l'histoire, elle me donne trop envie. Elle me parle. Elle évoque quelque chose en moi. » C'est peut-être déjà une première barrière qu'ils s'enlèvent. Et la deuxième, nous, on a des offres tarifaires. On a plein de choses derrière qui permettent au public de d'accéder plus facilement à nos salles.
Collaborer avec influenceurs et créateurs de contenu
Mirabelle
Oui, du coup, moi, je voulais revenir sur un point que tu as évoqué au début du podcast. C'était sur les influenceurs, parce qu'on ne peut pas aborder les réseaux sociaux sans évoquer justement les influenceurs ou créateurs de contenu. Et est-ce que tu peux nous dire justement c'est quoi ta vision sur le sujet et comment vous faites pour choisir les influenceurs ? Est-ce que vous avez des influenceurs préférés qui sont ? Là, tout au long de l'année, on va dire, où justement, à chaque fois, vous cherchez des influenceurs spécifiques pour chaque spectacle.
Thibault
Alors, déjà, il y a deux choses à savoir. C'est qu'on fait la différence entre influenceurs, influenceuses, créateurs et créatrices de contenu. On ne les traite pas de la même façon et ce ne sont pas les mêmes objectifs. Donc, si je prends les influenceurs, influenceuses dans un premier temps...
Mirabelle
À l'Opéra National de Paris. les influenceurs ne sont pas là pour remplir les salles, mais pour faire rayonner la magie de l'institution. Leur mission ? Partager leur expérience du spectacle à leur communauté. Thibault et son équipe les choisissent avec soin. L'idée, c'est de trouver des profils qui font écho à l'univers du spectacle, parfois de manière inattendue.
Thibault
Je prends un exemple. En début de saison, on a eu un spectacle, La petite renard rusée, de Leoš Janáček. Comme ça, ça paraît un peu aride, c'est un spectacle en Tchèque, bon voilà, c'est pas forcément facile. Par contre, ça parle en effet de cette jeune renarde qui est rusée et qui va essayer de s'émanciper, etc. Et en fait, dans mon équipe, elles ont trouvé une influenceuse qui est rousse et qui se définissait par l'émoji renard sur ses réseaux sociaux. Et donc, quand on l'a approchée, on lui a écrit en disant « On a remarqué que le renard était un symbole fort pour vous. On a un spectacle qui parle de... » de la ruse du renard, on s'est dit que ça pourrait être intéressant, que ça vous parle vraiment très personnellement, on vous invite à venir voir le spectacle. Sachez que quand elle a reçu l'invitation, elle a fait un screen du mail et elle l'a mis en story. Je suis trop touché, ce n'est pas n'importe qui qui m'a remarqué, etc. Et elle est venue voir le spectacle et elle a adoré. Donc on essaye vraiment d'aller chercher des gens très très ciblés en fonction de l'univers. La Belle au bois dormant, on a invité des gens qui sont fans de Disney. Donc à chaque fois, on aime chercher un peu ces profils très très précis, puisqu'on a assez peu de place à leur offrir, même aux influenceurs. Donc ça, c'est la première façon d'aborder les influenceurs. La deuxième, c'est plutôt avec les créateurs et créatrices du contenu.
Mirabelle
L'idée, c'est de faire appel à leur expertise, souvent en histoire de l'art, musique ou dramaturgie, pour produire un contenu autour du spectacle. Et là, l'objectif est double. D'abord, proposer au public un contenu de médiation, nouveau et plus riche. Ensuite, toucher la communauté du créateur ou de la créatrice et ouvrir l'opéra à d'autres regards, d'autres cercles.
Thibault
Je donne un exemple. On a fait un spectacle autour de Castor et Pollux, donc la mythologie, le mythe de Castor et Pollux. On a travaillé avec Mr. Bacchus, Christopher Michaut, qui, lui, est très friand de parler des enfers. Voilà, c'est vraiment sa spécialité. Et donc, on lui a demandé de faire une vidéo sur les enfers. comment les enfers sont représentés dans l'histoire de l'art. Donc évidemment, il parle de Castor et Pollux, du frère qui va chercher son autre frère dans les enfers, mais il a parlé aussi d'Orphéodis, enfin voilà, de plein d'autres, même de mythes autour de l'Égypte ancienne. Enfin voilà, il y a plein de choses qu'il a pu aborder dans cette vidéo. Finalement, on n'était pas là pour parler frontalement du spectacle, mais parler d'une... d'une colonne thématique du spectacle qui est donc les enfers, qui sont donc les enfers et on a apporté ce contenu de médiation à notre public finalement un contenu qu'on n'aurait pas forcément fait en temps normal.
Quand l’Opéra rencontre Disney : une collaboration inédite
Mirabelle
Pour la dernière question, ça m'a bien plu ce que tu as dit sur le lien entre justement l'opéra et Disney, parce que tu sais, dans notre podcast, on s'adresse aussi bien aux professionnels des sites culturels que des lieux de loisirs, et du coup, cette collaboration fait le lien parfait entre ces deux univers. Est-ce que tu peux, pour cette dernière question, nous raconter comment est née cette collaboration et pourquoi ?
Thibault
Alors ouais, en début de saison, on a mis en place un partenariat avec Disneyland Paris. Justement, j'en parlais tout à l'heure à l'occasion de la présentation sur notre scène de La Belle au bois dormant. Cette histoire emblématique, un de Perrault, mais aussi nous de notre côté en tant que ballet et qui plus est du film de Disney. ça faisait sens de créer une collaboration avec Disney. La collaboration était assez... assez simple dans la forme. On voulait juste créer un jeu concours. Alors, on fait assez peu de jeux concours à l'Opéra, mais quand on les fait, on essaie de faire des choses assez incroyables. Et donc là, on a fait un jeu concours juste pour remercier nos communautés respectives, donc de Disney et de l'Opéra, de nous suivre sur nos réseaux sociaux en leur offrant un week-end de rêve à Disneyland Paris, et puis de venir découvrir en famille le ballet à l'Opéra Bastille pour 4 personnes. C'était un très beau cadeau qu'on a offert à notre communauté. Un vrai séjour de rêve. Et en termes de communication, tout ça a vécu sur les réseaux sociaux. On a travaillé avec une plateforme à côté qui nous a permis de mener ce jeu concours et essayer de créer tout un univers numérique pour embarquer le public dans cet univers et de Disney et du ballet, en posant quelques questions sur le ballet et sur le parc. des questions qui n'étaient pas forcément évidentes. On a vu dans les réponses que tout le monde n'avait pas réussi à y répondre. Mais justement, c'était important pour nous que ce ne soit pas un tirage au sort classique. Il fallait connaître un petit peu les deux univers pour pouvoir espérer accéder au tirage au sort. Et voilà, j'ai eu la chance, moi, et j'aime bien le raconter parce que ça participe, je pense, aussi à l'expérience globale, d'appeler la personne qui a été tirée au sort et de lui annoncer la bonne nouvelle au téléphone. Et je pense que l'émotion, on est sur cette thématique-là, elle était aussi là-dedans. Je l'ai appelée pour lui annoncer. Je vous avoue que j'en ai fait trois tonnes quand je l'ai appelée, en disant que c'était l'Opéra National de Paris, qu'on avait vu qu'elle avait participé aux jeux concours autour de Disney, tout ça. Elle n'a pas compris ce qui se passait, la personne. Vraiment, je lui ai dit, j'ai l'honneur de vous annoncer que vous avez été tirée au sort. Elle m'a dit, mais c'est une plaisanterie. Je lui ai dit, non, chère madame, moi, je ne fais pas ce genre de plaisanterie, en fait. je vous assure que si je vous appelle c'est que c'est vous qui avez gagné et je crois qu'elles étaient heureuses encore et ça c'est un peu notre fierté à nous elles étaient encore plus heureuses de venir à l'opéra finalement de venir découvrir le ballet que de passer deux jours bah écoute c'est vraiment ce qu'elle m'a dit alors après peut-être qu'elle savait que c'était l'opéra qui était au bout du fil et qu'elle voulait lui faire plaisir mais voilà en tout cas moi j'en ai eu des frissons quand je me suis entretenu avec elle au téléphone
Conclusion : l’émotion sans frontière grâce aux réseaux sociaux
Pauline
Merci beaucoup Thibault pour cet échange sur la manière dont les réseaux sociaux de l'Opéra National de Paris réussissent à créer du lien. Tu l'as bien illustré avec cette dernière question et à amplifier l'émotion des spectateurs, qu'ils soient dans la salle ou même à l'autre bout du monde par le biais des plateformes. Ce qu'on retient, c'est que l'émotion n'a vraiment pas de frontière pour le coup et les réseaux sociaux permettent de lever des barrières pour ceux qui n'oseraient pas imaginer se rendre à l'opéra, par exemple. l'idée c'est De désacraliser le genre, de considérer les visiteurs comme partie prenante de l'histoire du site, de capter leurs retours, leurs envies, ce qu'on disait aussi, cela fait partie des missions des réseaux sociaux, entre autres, évidemment. Et toi, Thibaut, tu continues de construire ce pont pour réduire la distance entre les visiteurs et l'opéra par le biais d'un outil digital, ce qui est finalement plutôt gogasme. Merci de nous avoir partagé ce gros travail de tissage de lien qui maintient la relation entre le site et ses visiteurs et la fait grandir pour la faire perdurer et vivre avec son temps. car pour info L'Opéra National de Paris existe depuis plus de 350 ans, ce qui n'est vraiment pas rien.
Mirabelle
Merci beaucoup Thibault.
Thibault
Merci grandement pour votre invitation et votre confiance.
Thibault
A très bientôt.
Pauline
A bientôt.
Mirabelle
Et voilà, cet épisode touche à sa fin. Un immense merci à Thibault Prioul de l'Opéra National de Paris pour son partage d'expérience et à Tribus Ecosse Production pour l'ambiance sonore qui donne vie à notre podcast. Visiteurs 360, c'est un mardi sur deux sur la plateforme d'écoute de votre choix. Si cet épisode vous a inspiré, Laissez-nous des étoiles, des commentaires et surtout, parlez-en autour de vous. Et pour ne rien manquer des tendances et nouveautés, abonnez-vous à notre newsletter Entre les Lignes. On se retrouve très bientôt pour explorer de nouvelles histoires et plonger dans l'univers captivant des émotions de nos visiteurs. A bientôt !