Ep. 14 - Marie Demoulin du Parc Animalier d’Auvergne

Comment allier émotion, éducation et protection des espèces menacées ?

Dans ce 14ème épisode de Visiteur 360, Marie Demoulin, directrice générale du Parc Animalier d’Auvergne, qui deviendra en 2028, grâce au projet Horizon 2028, le premier parc zoologique 100 % dédié aux espèces menacées.

Elle partage les initiatives de sensibilisation mises en place pour éduquer les visiteurs, tout en créant une expérience mémorable. Grâce à une approche fondée sur l’edutainment (la contraction de éducation et entertainment (divertissement)), le parc transforme chaque visite en un moment d’émotion, d’engagement… et d’action.

Un échange inspirant sur le rôle crucial de l’émotion dans les parcours visiteurs et notamment les sites de loisirs avec un fort engagement dans la biodiversité et ici la protection des espèces anomales menacées.


🔗 En savoir plus : parcanimalierdauvergne.fr

Et voici comme promis dans l’épisode les photos des animaux insolites et menacés dont parle Marie dans cet épisode :

👉 Rendez-vous ci-dessous pour écouter dès maintenant et découvrir comment transformer une simple visite en une rencontre pleine de sens :

 

🙋🏽‍♀️ Un grand merci à Clément Duparc de Tribus Echoes Production pour la création unique de notre identité musicale : https://tribusechoesproduction.com/

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Transcript

Mirabelle

Aujourd'hui, visiter un site touristique, qu'il soit culturel, de loisir ou patrimonial, ne se résume pas à une simple sortie ou à une découverte passive. Les visiteurs attendent bien plus. Ils veulent vivre une expérience, ressentir des émotions, mais aussi trouver du sens à ce qu'ils découvrent. Que ce soit face à un chef-d'œuvre dans un musée, en immersion dans un lieu naturel ou en observant un animal sauvage pour la première fois, l'émotion ressentie à ce moment-là laisse une empreinte durable. On l'évoque d'ailleurs à chaque épisode. 

Mais c'est aussi cette émotion qui éveille la curiosité, l'envie de comprendre et de s'engager parfois. Quoi de plus puissant pour apprendre ou sensibiliser qu'une connexion émotionnelle ? 

Pauline

On est ici au croisement du divertissement et de l'apprentissage, un concept que certains appellent l'edutainment. C'est justement ce que nous allons explorer aujourd'hui dans cet épisode de Visiteurs 360, les coulisses de l'émotion. Comment l'émotion devient un levier essentiel pour éduquer et engager les visiteurs ? 

Et pour en parler, nous avons le plaisir d'accueillir Marie Demoulin, directrice générale du Parc animalier d'Auvergne, un parc qui place la préservation de la biodiversité et de l'éducation au cœur de l'expérience visiteur, avec une ambition forte, celle de devenir le premier parc au monde 100% dédié aux espèces menacées. 

Bienvenue Marie sur Visiteur 360. 

Marie Demoulin

Bonjour, merci beaucoup. 

Mirabelle

Bonjour Marie. Du coup, je propose qu'on commence cette interview comme d'habitude, de manière douce. Est-ce que tu pourrais nous partager un souvenir fort, un lieu qui t'a vraiment marqué émotionnellement ? Oui,

Marie Demoulin

C'était quand je suis allée au Canada. C'était le centre d'interprétation des mammifères marins à Tadoussac. C'était un centre où je suis passionnée de baleines et de mammifères marins. Et d'autre centre, c'était un musée où ils parlaient de baleines. Et en fait, quand on entre, il y avait des squelettes de baleines exposées. Et ça m'a vraiment marquée par la taille, la scénographie qui était imaginée. Et vraiment, c'était passionnant comme endroit parce qu'on apprenait plein de choses sur les mammifères marins. Et d'une manière très, très ludique. Vraiment, j'ai adoré cet endroit.

Mirabelle

Et c'était il y a longtemps ? Enfin, je veux dire, tu étais petite ou tu étais...

Marie Demoulin

Non, c'était il y a trois ans. D'accord. Je suis allée. C'est très, très récent.

Pauline

Je connais bien ce lieu pour avoir vécu au Québec. C'est un lieu, effectivement, un très beau rendez-vous pour être au contact de ces mammifères. C'est aussi bien mystérieux. Et en même temps, j'espère que tu as eu la chance quand même d'en observer en prenant le bateau ou peut-être de loin en restant sur la rive. Mais en tout cas, c'est quand même un lieu assez iconique. quand on visite le Canada, et surtout pour les amoureux des baleines, mais même ceux qui sont curieux à l'idée de s'approcher de cet animal qui est juste incroyable, c'est vrai. Je te rejoins là-dessus, et ça me rappelle de très bons souvenirs, et de très belles émotions. Eh bien, merci pour ce petit rappel, en tout cas.

Le parcours de Marie Demoulin et son engagement pour la biodiversité

Et puis, moi, j'aimerais bien que tu nous parles un petit peu de ton parcours. Tu es aujourd'hui à la tête du Parc animalier d'Auvergne, donc un site engagé. est reconnu pour cela. Ce qui serait intéressant, c'est que tu nous dises comment tu es arrivé là et surtout, qu'est-ce qui t'a donné envie ? On a une petite piste avec l'expérience et ce que tu viens de nous partager, mais qu'est-ce qui t'a donné envie de t'impliquer dans ce secteur ?

Marie Demoulin

C'est un peu par hasard que je suis arrivée au parc animalier d'Auvergne. En fait, j'ai fait des études d'ingénieur en agronomie. C'est un petit peu loin de ce que je fais actuellement, mais j'avais vu une année de césure et je ne savais pas trop quoi faire, ni quoi faire de ma vie après mes études, ni quoi faire de mon année de césure. et je suis tombée sur une annonce du parc. et de la fondation du parc pour faire un service civique de 10 mois. Je me suis dit pourquoi pas essayer d'être un peu utile aussi dans ce que je peux faire pendant cette année de césure. Et du coup, j'ai intégré cette fondation qui travaillait à collecter des fonds pour après les reverser à des programmes qui protègent les animaux dans la nature. Donc j'ai passé 10 mois dans cette fondation et donc au parc. Et ensuite, le président du parc m'a proposé d'être embauchée. À la fin de mes études, j'ai commencé à en charger de communication. Je faisais tous les réseaux sociaux, etc. du parc animalier de Verne. Et ensuite, au fur et à mesure, j'ai pris plus de responsabilités. J'ai pris la partie commerciale. pris la partie accueil restauration boutique jusqu'à devenir directrice générale du parc et du manoir qu'on a racheté l'année dernière. Donc maintenant, ça fait deux ans que j'ai ce poste. Et ce qui me plaît vraiment, c'est l'aspect conservation. Le fait que je vais au travail, je suis convaincue par ce que je fais. Je suis convaincue par notre engagement. Je suis vraiment fière de travailler dans ce parc qui est très, très impliqué dans la protection de la biodiversité.

Mirabelle

Oui, du coup, j'allais dire justement, quand tu as commencé au tout début, à la fin de tes études, est-ce que tu as eu un déclic et tu dis, c'est vraiment dans ce secteur-là que je veux travailler ?

Marie Demoulin

Ce qui m'a convaincue, c'est vraiment les missions, de me dire, oui, là, c'est des missions dans lesquelles je crois. Et du coup, c'est vraiment ça qui me plaît. Alors, est-ce que toute ma vie, je serai dans un parc animalier ? Je ne sais pas. Mais en tout cas, toute ma vie, je veux que mon travail ait du sens. Et je pense que c'est vraiment très, très important et ce qui me plaît là au quotidien.

Horizon 2028 : Devenir un parc 100 % dédié aux espèces menacées

Mirabelle

Et justement maintenant, si on parle un peu plus du parc animalier d'Auvergne et de la vision que vous avez, parce qu'elle va vraiment au-delà de juste donner une expérience incroyable aux visiteurs, vous avez aussi ce projet dont on a parlé en introduction, Horizon 2028, dont d'ailleurs tu as fait la promotion habillée tout en zèbre. Pour résumer, ce projet Horizon 2028, c'est pour que le parc devienne le premier parc à accueillir 100% d'espèces menacées. Est-ce que tu peux nous en dire plus sur ce projet et aussi quelle influence un tel projet a sur l'expérience visiteur au sein de votre parc ?

Marie Demoulin

Depuis la reprise du parc, il a été recouvert en 2012 par le propriétaire actuel. l'idée c'était de transformer à changer les animaux qui étaient présents pour avoir des espèces menacées. Donc on n'avait pas tout de suite l'objectif de 100% d'espèces menacées, mais au fur et à mesure, le pourcentage augmentait. Et donc l'année dernière, on était déjà à 80% d'espèces menacées. Et on s'est dit, pourquoi on ne va pas plus loin ? Pourquoi on ne va pas à 100% d'espèces menacées ? Parce que c'est-à-dire que tous nos moyens iraient vers ces espèces qui sont menacées actuellement.

Par exemple, on a des ratons laveurs au parc. Alors c'est une espèce qui est invasive, donc on peut retrouver nos vernes dans la nature. Nous, ça a un rôle pédagogique justement de dire qu'on a des espèces qui peuvent détruire l'écosystème. Elles ont une boîte très très mignonne. Pour le raton d'abord, c'est une espèce qui est très mignonne, mais elle n'a rien à faire dans nos campagnes. On se servait de cet animal comme d'un emblème justement de ces espèces invasives.

Mais au final, en fait, on met des moyens humains et financiers sur une espèce qui n'en a pas besoin. Et du coup, vraiment la réflexion, c'est de se dire qu'on ne veut héberger que des espèces qui ont besoin d'être protégées. Et donc, on met notre argent. et nos moyens humains, nos salariés sur ces espèces-là. Du coup, pour les visiteurs, forcément, ça implique un changement d'espèce qu'ils peuvent découvrir. Il y a des espèces qu'ils adorent. Typiquement, les ratons-laveurs, c'est une espèce que nos visiteurs adorent, mais ça veut dire qu'elle va être remplacée par une autre espèce peut-être qu'ils découvriront chez nous. C'est vrai qu'il y a un impact là-dessus, mais il y a aussi un impact sur ce qu'on va leur proposer en termes d'expérience. On est enfin là de réfléchir.

Pauline

À l'instar du projet de voyage à travers les millénaires, un projet éducatif en cours de création dans le cadre de Horizon 2028, où les visiteurs seront invités à découvrir les animaux maintenant disparus sur un parcours et leur proposer des actions quotidiennes pour protéger les animaux et les espèces qui, elles, ne sont pas encore disparues, mais menacées.

Marie Demoulin

On a vraiment des projets comme ça, pédagogiques, qui vont permettre, dans le cadre d'Horizon 2028, d'accompagner le changement des animaux et de poursuivre notre engagement.

Transformer l’expérience visiteur pour éduquer et sensibiliser

Pauline

Et du coup, dans ce projet-là, qui est fort, qui est très engagé, et vous dites qu'il est unique, et qui donc dépasse la simple observation des animaux, j'imagine que vous cherchez aussi à provoquer une prise de conscience, à transmettre un message, un message fort, en l'occurrence. Et on le mentionnait dans l'intro, aujourd'hui, on sait que les visiteurs, ils veulent toujours plus que du divertissement, ils recherchent vraiment des expériences qui... enrichissent ou dans laquelle ils apprennent quelque chose, ce qu'on appelle des expériences éducatives, donc c'est le terme que j'utilisais, « edutainment » , notamment pour les enfants, mais pas que d'ailleurs. Et on le sait, pour qu'un message passe, il faut qu'il soit vécu.

Et c'est effectivement ce que vous proposez quand on parle d'expérience.

Comment vous faites, vous, pour rendre ces expériences-là concrètes, ludiques et surtout qui marquent les visiteurs ? J'imagine qu'il y a un peu d'émotion à aller chercher, une connexion à aller chercher. Comment vous faites concrètement ?

Marie Demoulin

On va le faire dans plusieurs activités. On va le faire déjà via les animations publiques qu'on réalise gratuitement tous les jours. On a une équipe de pédagogues. On a quatre pédagogues à temps plein au parc. On est 26 CDI. On a quand même quatre qui sont dans la pédagogie. C'est assez énorme pour un petit parc.

Pauline

Oui, c'est pas mal.

Marie Demoulin

Et l'idée, c'est que dans ces animations, on parle forcément, pendant l'animation sur le pandaro, on va dire où ils vivent, nos individus, qui ils sont, leur âge, etc., qu'est-ce qu'ils mangent. Mais aussi parler du nombre d'individus qui restent dans la nature. Et c'est là où souvent, c'est assez marquant en termes de chiffres. Par exemple, le pandaro, il y en a moins de 6000. Ça paraît quand même pas beaucoup sur la planète. Et on va le faire. Lors de ces activités, on a des ateliers, on va avoir les écoles qui viennent, où on a aussi des messages de sensibilisation quand on fait des ateliers scolaires. Dans toutes nos activités, on parle de sensibilisation, on va faire des activités par exemple soigner un avort, où le visiteur peut devenir soigneur pendant une demi-journée. Mais pendant ce temps, on va lui montrer bien sûr le métier de soigneur, il faut nettoyer, il faut nourrir les animaux, mais aussi c'est un métier où il faut protéger, il faut faire des conservations. On a toujours ce message dans toutes nos activités. pour éduquer les plus jeunes et les parents aussi, parce que c'est important.

Des messages adaptés aux enfants et aux adultes

Pauline

Oui, c'est ça. J'allais te demander si toutes ces campagnes de sensibilisation, tous ces messages que vous véhiculez, ils étaient d'abord adressés aux enfants dans l'idée d'éduquer et de sensibiliser la génération future ou est-ce qu'il y avait aussi cette dimension quand même de s'adresser aussi aux parents ? Et comment justement le discours était différenciant en fonction évidemment du vocabulaire qu'on utilise, surtout dans ce genre de sujet ?

Marie Demoulin

On va vraiment s'intéresser aux deux. On va s'intéresser, selon les activités déjà, on n'a pas le même public. Les soignants d'agents, on est beaucoup sur des adultes pour le coup. Donc on va vraiment s'adapter pour le coup leur transmettre. C'est peut-être un peu plus simple pour qu'ils essaient de prendre conscience. Notamment, je pense que vraiment le nombre d'individus, c'est ce qui marque. Sur les panthères de l'amour, on en a moins de 100 dans la nature.

Pauline

Oui, c'est rien.

Marie Demoulin

Moins de 100, c'est rien du tout. Donc quand on dit qu'il y a moins de 100, c'est assez marquant pour le connoisseur. C'est presque plus facile quand on a souvent deux chiffres, de mettre nos messages de sensibilisation. Et pour les enfants, ça va être plus dans les ateliers, ça va être des thèmes comme le recyclage. On va essayer de se lier au programme scolaire aussi, pour que ça leur parle, ça leur reparle. et de leur montrer des actions concrètes qu'ils peuvent faire et qu'ils peuvent ramener chez eux aussi, comme le thon, etc. pour protéger les animaux. Et après, on va utiliser aussi pour les adultes beaucoup nos réseaux sociaux, aussi pour faire passer nos messages. Notamment, on est avec la naissance du bébé panthère de l'amour, donc une naissance exceptionnelle qu'on a eue au parc l'année dernière. Et c'est vrai qu'elle est très, très mignonne. Donc, ça aide à communiquer. On a fait un buzz incroyable grâce à la vidéo. On a eu 12 millions, il me semble, de vues au dernier chiffre. Et ça nous permet de passer nos messages sur une espèce menacée et que du coup, là, plutôt les adieux puissent le lire, le découvrir et essayer de les engager dans nos actions.

Mirabelle

Il y a un terme, je trouve, qui revient souvent, quand on parle aussi bien avec des musées ou des parcs animaliers, c'est sensibiliser, mais surtout aussi susciter la curiosité. C'est mettre cette petite graine pour qu'ensuite, derrière, ils aillent peut-être plus se renseigner, s'intéresser et après mettre en action aussi peut-être certaines choses pour protéger. et s'engager dans la conservation des espèces.

Marie Demoulin

Totalement, et c'est notre rôle aussi, et on le fait en ayant des espèces aussi qui sont un peu plus atypiques. On va avoir des espèces que tout le monde connaît, par exemple les girafes, les lions, mais on essaye aussi d'héberger des espèces comme le binturong, par exemple, c'est un mammifère des îles du Sud-Est qui est très menacé, qu'on ne connaît pas forcément. Alors,

Mirabelle

Vous vous demandez peut-être à quoi ressemble un binturong, ou un autre animal étonnant dont parle Marie. Rendez-vous sur linedemir.com sur la page de cet épisode. pour les photos et toutes les infos.

Marie Demoulin

Et du coup, là, on suscite la surprise en se disant que c'est surprenant comme animal et j'aimerais le découvrir un peu plus. Et c'est vraiment ce qu'on recherche aussi. Que ce ne soit pas juste une visite pour voir les animaux qu'on a envie de voir et cocher des cases. J'ai vu une girofle, j'ai vu un lion, j'ai vu un ménon, j'ai aussi vu un ratacin, j'ai vu un goral. Et j'essaie d'en apprendre un peu plus sur la biodiversité en 2020.

Mirabelle

Et d'ailleurs pour ça, il y a aussi dans le secteur une forte tendance vers les expériences immersives. Donc justement pour peut-être reprendre ce que je disais, susciter la curiosité et engager. Et donc ce besoin d'expériences immersives, on la retrouve aussi dans vos offres, les nouvelles offres que tu as mentionnées rapidement, donc le Manoir des rêves sauvages et le Night Game. justement comment vous faites pour entre l'immersion le jeu La nuit insolite au Manoir, comment vous faites pour que tout ça soit concilié, sans perdre de vue cette mission de sensibilisation ? Que ce ne soit pas qu'on ne passe pas que dans l'entertainment, mais qu'on garde quand même la sensibilisation au sein de ces nouvelles offres.

Marie Demoulin

Les jeunes, toutes ces activités sont réalisées par notre équipe pédagogique. Je trouve que c'est vraiment important, c'est vraiment eux qui sont censés sensibiliser nos visiteurs. Donc ce n'est pas juste des animateurs, ils ont vraiment des formations dans l'environnement, ils ont des masters scientifiques, donc ils sont déjà des experts pour le coup de la biodiversité.

Et donc à chaque fois, pour les Night Games que tu mentionnais, c'est un escape game nocturne qu'on fait au Manoir des rêves sauvages. C'est un escape game, donc il y a vraiment le côté ultra ludique. prend au jeu, ça dure entre 5 et 6 heures si on est bon. Oui, quand même. C'est vraiment une expérience complète. Il y a même le repas. C'est une expérience. Ça a l'air top, ça. Le temps vécu, ça passe vraiment très vite. Mais le fond, le sujet, c'est sur la biodiversité. On essaie de passer nos messages de manière vraiment ludique parce que, pour le coup, il faut que ça soit sympa. On ne vient pas pour prendre un cours sur la biodiversité.

Pauline

Oui, c'est ça. pour éviter le côté moralisateur aussi.

Marie Demoulin

C'est vraiment ce qu'on ne veut pas pour le coup au parc. On ne veut pas faire à la morale. Même dans les programmes avec lesquels on travaille dans le monde entier, on travaille un peu avec Big Life. C'est un programme en Afrique où, par exemple, les Maasai, ils avaient un rite pour passer à l'âge adulte, c'était de tuer un lion. Forcément, les lions, il n'y a pas que ça, mais ça fait partie de leur menace. Et cette association est américaine. Et du coup, on a pu se dire, ils arrivent, ils disent, c'est pas bien. il faut arrêter, mais non, ils ont été voir des communautés locales pour comprendre leur pratique, pour ne pas être dans ce côté moralisateur du tout, c'est juste le côté essayant de trouver une solution ensemble.

Du coup, ils ont fait des Jeux Olympiques dans lesquels les Maasai sont concurrents, et du coup, ils prouvent qu'ils sont aussi des hommes au passage de l'âge adulte, et du coup, ça a remplacé le rite dans ces communautés de tuer un lion. Donc vraiment, ce côté moralisateur, on n'aime pas du tout, il faut qu'on passe passer nos messages. mais d'une manière soit ludique, soit d'une manière où on ne réalise pas nos visites.

Pauline

Ça n'a jamais été très utile, très efficace.

Mirabelle

D'ailleurs, pour ces offres, le Manoir des Rêves Sauvages et le Night Game, la jeunesse est venue plutôt dans l'idée de comment avoir un impact fort et sensibilisé, ou d'abord chercher l'entertainment, et après, le divertissement est lié à votre mission. C'était dans quel sens que vous avez pensé ces offres ?

Marie Demoulin

Alors, on a acheté le manoir l'année dernière. C'était vraiment pour la complémentarité avec le parc. On est sur un endroit où on a peu d'hébergement et on avait une forte demande. Et donc, l'idée de l'acheter, c'était pour ça. Et ensuite, on a vraiment construit l'offre du manoir sur le côté de notre engagement aussi pour les espèces menacées. C'est pour ça que dans chaque chambre, il y a une œuvre d'une espèce menacée. 5% du chiffre d'affaires est reversé à notre fondation aussi.

Donc pour le manoir, ça comprend les night games et l'hôtellerie. Et le côté hôtellerie, en fait, on aime bien innover au parc. Et c'est vrai que ce côté escape game, on trouvait ça vraiment sympa de changer de thème aussi. C'est souvent des thèmes sur les escape games, un meurtre, une enquête ou quelque chose comme ça. Et donc on trouvait qu'un thème de biodiversité, ça ne s'était pas vraiment fait. Et donc c'est pour ça qu'on a lancé ces escape game nocturnes.

Pauline

Vous recevez combien de visiteurs ? Si on revient sur la partie parc animalier, combien de visiteurs vous recevez à l'année, par exemple ?

Marie Demoulin

Entre 100 000 et 110 000 visiteurs.

Pauline

Est-ce que vous arrivez à faire le lien entre ce visite aura et cette clientèle qui est plutôt du côté manoir et faire vraiment le pont avec la visite du parc où des fois c'est très scindé en deux ? Actuellement,

Marie Demoulin

c'est le gros travail de communication pour qu'on fasse le lien entre les deux. Au manoir, on a... On a quand même pas mal de QC en selle qui s'arrêtent juste pour le côté atypique du lieu. Et donc là, on travaille vraiment à faire le lien entre les deux. On le fait beaucoup sur les séminaires, la CILDE Seminaire, où on propose des matinées au manoir et après, ils viennent faire une expérience justement éducative et ludique au parc, toujours en lien avec leur politique RSE en général dans les entreprises. Donc là, on arrive plutôt à bien lier et on est vraiment en train de faire un gros travail. pour le côté visiteur classique.

Pauline

D'où le projet de ce site internet.

Marie Demoulin

Exactement. Totalement !

Mirabelle

Et est-ce que justement sur le manoir, c'est plus un visiteur local ? Ou est-ce que vous voyez une différence entre ceux qui vont au parc animalier, ceux qui vont au manoir et ceux qui font les deux ?

Marie Demoulin

Alors sur le parc, on est à 60% d'Auvergnat et 40% d'origine hors Auvergne. Il n'y en a que moins de 5. de visiteurs étrangers, par notre situation géographique aussi, comme on est un petit peu loin, il faut une voiture pour venir aussi, donc on est un peu moins accessible pour les visiteurs qui viendraient juste. ou en train ou en avion jusqu'à Clermont-Ferrand. Et par contre, au manoir, on a une grosse fréquentation étrangère.

Pauline

En achetant ce manoir et en créant ces activités au sein du manoir, vous devenez un parc de destination, finalement.

Marie Demoulin

Oui, totalement.

Le pouvoir de l’émotion et de l’émerveillement

Pauline

Ça, c'est chouette. Et on va passer maintenant au cœur du sujet de ce podcast, qui est donc l'émotion, puisque c'est le titre du podcast, celle qui touche, qui transforme et qui engage. Quelles sont les émotions que vous cherchez à provoquer, à faire ressentir à vos visiteurs ?


Marie Demoulin

Je pense qu'une des premières, c'est l'émerveillement. On cherche vraiment à émerveiller avec les espèces qui sont hébergées au parc pour pouvoir susciter un engagement derrière, quand ils découvrent. pas actuellement les bébés lions, c'est vrai qu'on a vraiment ce côté très...

Pauline

C'est quand même impossible, c'est impossible de résister à ça.

Marie Demoulin

Et c'est vrai que ça nous permet du coup d'engager la conversation ainsi et de pouvoir du coup sensibiliser vraiment notre cœur de métier. Ça nous permet aussi de collecter par exemple des fonds pour les parrainages des animaux qui sont assez embématiques comme les pandarous vont être beaucoup parrainés tous les fonds sont reversés à notre fondation pour protéger les animaux dans leur milieu naturel. C'est ça que l'émerveillement, je pense que c'est le premier pas vers l'engagement pour le courant au parc animalier.

Ensuite, je pense qu'on cherche aussi la surprise, comme je disais tout à l'heure, d'être surpris par une espèce. Surpris, par exemple, j'ai attendu pendant dix minutes devant un emploi, je n'ai pas vu, mais d'un coup, la bandeur des neiges apparaît. Je pense que ça, c'est des moments qu'on aime beaucoup. On a des personnes qui viennent avec des passeports annuels, par exemple. On a des animaux qui sont un peu plus compliqués à voir, par exemple le coendou. C'est un porc épique sud-américain et parfois ils ne le voient pas.

Au bout de la troisième visite, ils l'ont vu et là ils s'en souviennent ensuite qu'ils l'ont vu. C'est aussi un sentiment qu'on aime bien, la surprise, d'être sur place du lieu. On a un lieu vraiment très atypique, on est à fond de montagne avec une vue incroyable sur les reliefs. On a souvent la remarque que les visiteurs ne s'attendent pas à un lieu comme ça. Ils s'imaginent un petit parc, on est toujours un petit parc, mais ils ne s'attendent pas à des emplois aussi grands. avoir autant de bien-être animal aussi.

C'est ce qui nous plaît aussi, ce qu'on essaie de faire au quotidien, c'est vraiment d'assurer le meilleur bien-être pour nos animaux. Et aussi de susciter l'empathie, je dirais l'empathie sur les espèces qui sont menacées, et de se dire comment je peux faire au quotidien, qu'est-ce que je peux consommer, pour avoir un impact aussi sur la protection des espèces menacées.

Les tendances pour enrichir l’expérience visiteur

Mirabelle

Justement, quand on parle du secteur en général, non pas forcément que les parcs animaliers, mais le secteur des loisirs, selon toi, tu penses que c'est quoi les grandes tendances pour engager davantage les visiteurs et peut-être pour générer encore plus d'émotions, encore plus d'émerveillements ?

Marie Demoulin

Je pense qu'il faut vraiment réfléchir les visites comme une expérience, les nouveautés comme une expérience dans laquelle le visiteur, on l'entend, ils veulent vivre quelque chose. On veut s'en souvenir, on veut visiter, à part les parcs animaliers, on veut avoir un moment où on a des enclos d'immersion, on rentre avec des animaux. C'est vraiment une expérience dont on se souvient plus tard. Je pense que c'est vraiment ce qu'il faut qu'on travaille, c'est le côté expérience de vie.

Pauline

Oui, et puis le souvenir qu'on y garde. Encore une fois, on le dit souvent, et désolé pour les auditeurs. peut-être redondantes, mais l'émotion, en vrai, c'est ce qui permet de garder un souvenir et de se connecter, et que même après la visite, on puisse s'en rappeler. Et voilà, il n'y a pas plus à dire, c'est comme ça. L'émotion, elle est clé, quoi. Et l'expérience en est le média, le canal.

Marie Demoulin

Totalement.

Maintenir l’engagement après la visite

Mirabelle

Et justement, est-ce que vous avez des actions pour après la visite ? continuer cet engagement, notamment avec le projet Horizon 2028. J'imagine qu'il va y avoir pas mal d'informations peut-être à communiquer. Est-ce que, justement, l'après-visite fait vraiment partie de votre expérience quand on vient au Parc animalier d'Auvergne ?

Marie Demoulin

Alors, on essaie de continuer nos communications sur les réseaux sociaux, qu'ils puissent nous suivre, qu'ils puissent suivre les aventures. Oui, la petite panthère ! Là, on va grandir, savoir ce qu'elle va devenir aussi, parce que... Depuis quand le bébé panthère d'amour, nos visiteurs la suivent beaucoup, la voient grandir, mais un jour elle va partir ailleurs, et donc on puisse leur dire, oui cette panthère va pouvoir faire de la reproduction dans un autre parc, et donc continuer à protéger l'espèce. On essaie vraiment qu'il continue à nous suivre, pour qu'il continue aussi à voir nos évolutions. On essaie de communiquer sur des engagements tout au long de l'année sur nos réseaux sociaux, et donc c'est vraiment important ce côté-là. des réseaux pour continuer de passer nos messages. Et je pense qu'ils sont vraiment en attente de ça aussi, d'avoir des nouvelles des animaux qu'ils ont pu apercevoir.

Les coulisses de la coopération entre parcs animaliers

Pauline

Marie, j'aimerais bien te poser une question qui n'était pas prévue.

Mirabelle

Pauline a voulu en savoir plus sur les coulisses d'un parc zoologique. On n'a pas tout gardé au montage, mais impossible de passer à côté de la passion de Marie et de son envie de faire connaître un métier. parfois un peu mal compris.

Pauline

Au sujet justement de comment vous choisissez les parcs partenaires avec qui vous travaillez quand il y a du coup ce changement d'habitat entre les bébés qui sont nés et qui grandissent et puis ensuite qui doivent quitter le parc animalier d'origine ?

Mirabelle

En fait, on fait partie de l'Association européenne des eaux, l'EAZA, et dans l'EAZA, il y a des programmes de reproduction pour chaque espèce. Par exemple, pour la panthère de l'amour, il y a un programme de reproduction de la panthère de l'amour en Europe. Il y a une personne qui est la coordinatrice de l'espèce. Elle connaît tous les individus et leur génétique, qui est le papa, la maman de cet individu. Elle va nous dire que pour votre bébé Zéia, il faut qu'elle parte dans tel autre parc animalier qui est membre de l'EASA. Elle va leur demander la taille de l'enclos, les spécificités qu'elle souhaite pour le bâtiment pour que le bien-être soit respecté. Et nous, après, on s'engage à suivre les recommandations.

Pauline

D'accord, ok. Donc, c'est le hasard qui décide de...

Orateur #1

C'est ça. C'est vraiment les coordinateurs. Et nous, par exemple, on est coordinateurs, notre vétérinaire est coordinateur de deux espèces. C'est lui qui gère au niveau européen les taquins et les gorales. C'est lui qui va dire tous les échanges. C'est lui qui valide les échanges au niveau européen.

Mirabelle

Et c'est souvent des échanges... En tout cas, ça peut être des échanges qui sont prévus sur plusieurs années. Là, tu sais déjà que l'inventaire d'amour partira à peu près quand ? Et vous préparez, c'est ça, le transfert ?

Marie Demoulin

Oui, c'est ça. En fait, elle, elle va préparer parce qu'elle sait que là, elle a un an. Donc, dès qu'elle sera mature sexuellement, elle sait qu'il faudra la faire partir parce que nous, on aura le père qui sera dans l'enclos. Donc, ce ne sera pas gérable. Donc, elle, elle anticipe aussi avec les zoos qui sont potentiellement intéressés, les trans.

Pauline

C'est qui, elle ?

Mirabelle

La coordinatrice.

Pauline

Ah oui, pardon.

On s'est complètement éloigné du sujet des émotions, mais en tout cas, on creuse un peu plus parce qu'effectivement, c'est hyper intéressant. Merci beaucoup, Marie, en tout cas, pour cette conversation passionnante. Et j'utilise le mot passionnante parce que tu nous as transmis ta passion pour le métier, en tout cas, franchement. Et j'espère que les auditeurs pourront le ressentir parce que c'est assez évident dans l'échange qu'on vient d'avoir.

Marie Demoulin

Ah, super.

Pauline

Et ce qu'on retient aujourd'hui, c'est que l'émotion, du coup, encore une fois, est au cœur de tout ce que vous faites au Parc animalier d'Auvergne. Elle n'est pas juste là pour faire un « waouh » avec des espèces impressionnantes, elle sert aussi à transmettre, à sensibiliser, et surtout à faire réfléchir, et parfois même à faire passer à l'action, à travers des formats variés, des rencontres. Alors on te suit sur LinkedIn aussi, et on suit le Parc animalier d'Auvergne dans ses communications, donc à travers des formats variés, des rencontres avec les animaux, aux installations pédagogiques. jusqu'aux expériences immersives du coup avec le manoir ou le netgame, vous démontrez qu'il est possible de mêler plaisir, découverte et engagement.

Et ce mélange entre éducation et divertissement, qu'on appelle donc parfois edutainment, un anglicisme qui veut dire ce qu'il veut dire, vous en faites un vrai positionnement marketing et une force authentique et sincère. Et vraiment, j'espère que les auditeurs pourront le ressentir parce que c'est quelque chose que nous avons ressenti dans cet échange encore une fois.

Merci pour ton regard, ton énergie et tout ce que tu nous as partagé.

Mirabelle

Merci Marie.

Marie Demoulin

Merci à vous deux.

Mirabelle

Et voilà, cet épisode touche à sa fin. Un immense merci à Marie Demoulin du Parc Animalier d'Auvergne pour son partage d'expérience et à Tribus Ecos Production pour l'ambiance sonore qui donne vie à notre podcast. Visiteurs 360, c'est un mardi sur deux sur la plateforme d'écoute de votre choix. Si cet épisode vous a inspiré, laissez-nous des étoiles, des commentaires et surtout... par les gens autour de vous. Et pour ne rien manquer des tendances et nouveautés, abonnez-vous à notre newsletter Entre les Lignes.

On se retrouve très bientôt pour explorer de nouvelles histoires et plonger dans l'univers captivant des émotions de nos visiteurs. À bientôt !

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Ep. 13 - Gilles Colinet et Simon Jousset de la Forteresse de Berrye