Ep. 18 - Patrice Fleurent & Frédéric Beck de Fraispertuis City

Sensations, émotions, générations : construire l’équilibre d’un parc de loisirs

Comment concilier les attentes des tout-petits, des adolescents et des grands-parents au sein d'un même parc de loisirs ?

Dans cet épisode de Visiteur 360, Patrice Fleurent, directeur de Fraispertuis City, et Frédéric Beck, community manager du parc, partagent les coulisses de leurs arbitrages stratégiques pour maintenir l'équilibre entre toutes les générations.

Entre sensations fortes pour reconquérir les adolescents et premières émotions pour fidéliser les plus petits, ils révèlent comment ce parc familial vosgien, géré "par une famille pour les familles", s'adapte aux évolutions des comportements visiteurs.

De l'importance cruciale de l'écoute client aux secrets de la thématisation immersive, en passant par l'incroyable histoire du Golden Driller et son lien authentique avec la ville de Tulsa, découvrez comment Fraispertuis City construit, saison après saison, une expérience mémorable pour chaque membre de la famille.

Un témoignage passionnant sur les défis éternels de l'exploitation d'un parc de loisirs et l'art de créer des souvenirs qui traversent les générations.

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Transcript

L'équilibre des générations avec Patrice Fleurent et Frédéric Beck de Fraispertuis City

Introduction

Mirabelle : Aujourd'hui, dans Visiteurs 360, les coulisses de l'émotion, on vous emmène au cœur des Vosges, dans un parc pas tout à fait comme les autres. Fraispertuis City, c'est une histoire de famille pensée pour les familles. Un parc de loisirs où chaque génération trouve sa place, des tout-petits qui vivent leurs premières sensations, aux ados en quête d'adrénaline, jusqu'aux grands-parents venus partager un moment unique avec leurs proches.

Sa mission, c'est de faire en sorte que tout le monde reparte en ayant vécu de belles émotions qui laisseront de beaux souvenirs à chacun.

Pauline : Mais comment garder cet équilibre, saison après saison ? Faut-il miser sur les sensations fortes ou sur les expériences partagées ? Comment composer un programme d'activité qui parle à tous dans un monde où les envies et les comportements évoluent sans cesse ?

Car le vrai défi, c'est de concevoir un parc qui touche tous les publics, dans leurs envies, dans leurs limites et même dans leurs émotions. Pour en parler, nous accueillons aujourd'hui Patrice Fleurent, directeur de Fraispertuis City, et Frédéric Beck, community manager du parc.

Question ice-breaker : souvenirs d'émotion forte

Mirabelle : Pour commencer le podcast, on a toujours une petite question icebreaker. Est-ce que vous pourriez nous raconter un lieu que vous avez visité ou une expérience que vous avez vécue pendant laquelle vous avez ressenti une émotion forte ?

Frédéric Beck : Moi, je peux commencer, si vous voulez. Et je vais remonter assez loin dans mes souvenirs. Et pour ne pas être très original, mais je vais parler d'un souvenir à Fraispertuis City parce que c'est vraiment un des premiers parcs avec Europa Park que j'ai commencé à fréquenter.

Et en fait, il y a donc à cette époque, au début des années 90, il y avait encore une attraction qui s'appelait les Louisianes. Et en fait, cette attraction, c'était des bateaux à aube sur un lac. Et la particularité, c'était qu'à chaque tour, il y avait le capitaine du bateau qui choisissait un enfant pour conduire le bateau avec lui.

Et du coup, on était assez fiers de faire ça. On nous mettait une petite casquette de capitaine, on tenait la barre, les parents nous prenaient en photo. Et pendant tout le tour, effectivement, on avait cette impression assez magique de vraiment conduire ce bateau. L'illusion était quand même assez forte, en tout cas d'un point de vue d'un enfant, c'était vraiment magique. Et on repartait de ce tour-là avec un diplôme de capitaine signé. Donc voilà, ça restera quand même un des souvenirs dans un parc assez fort que j'ai eu.

Patrice Fleurent : Alors moi, en ce qui me concerne, pour le coup, je suis né à Fraispertuis, donc forcément des souvenirs forts, il y en a eu. Le plus fort, je pense que c'est quand mon père a construit la mine d'or, la première mine d'or, première version qu'il avait vue au Danemark. Il avait rapporté des images sur un caméscope. Il a dit on va refaire ça à Fraispertuis.

Donc il a commencé à creuser ça avec des petits cailloux. Les agglos se sont montés et moi, tous les jours, quand je revenais de l'école, j'allais voir la progression de ces agglos qui montent jusqu'aux petits wagonnets qu'on a commencé à faire, parce que je commençais aussi à bricoler à 14 ans. Cette année 77-78 puisqu'elle s'est faite sur cette période a été un souvenir comme d'un projet avec mon père tout le temps.

Maintenir l'équilibre dans le choix des attractions

Pauline : C'est un parc qui est salué comme étant un parc pour toute la famille, ça veut dire des plus petits aux grands-parents, et entre les manèges à sensations fortes qui attirent un public plutôt adolescent, voire adulte, et les zones très familiales ou enfantines. Concrètement, comment vous réussissez à maintenir l'équilibre dans le choix et la conception de vos attractions, et comment vous arbitrez aussi ces investissements ?

Patrice Fleurent : En général, les parcs en France, au tout du moins, essayent quand même d'avoir des zones enfants, de mixer le familial plus ou moins, alors avec des attractions fortes. Donc ils essayent quand même de panacher.

Nous on a quand même toujours été à la recherche de faire un parc pour les familles, et même s'il y a eu une évolution dans les familles, parce que ce qui faisait peur à un enfant de 5 ans il y a 30 ans, ou il y a 20 ans, aujourd'hui ce n'est plus du tout le cas. Peut-être les jeux vidéo où ils construisent leur rollercoaster dessus.

On essaye quand même que nos attractions, tout du moins soit on opte pour une attraction à sensation, on sait très bien qu'elle sera à partir d'un mètre vingt ou d'un mètre trente, mais après quand on essaye d'avoir une attraction et qu'on sait qu'elle ne sera pas à forte sensation, on essaye de la rendre disponible justement aux plus petits.

L'évolution des demandes des visiteurs

Mirabelle : Comment vous prenez les décisions sur les développements à faire ? Est-ce que vous regardez justement en fonction de l'âge du visiteur pour peut-être cibler des enfants ou des ados, ou plutôt les sensations que vous voulez créer ?

Frédéric Beck : Effectivement, les réseaux ont cet avantage de nous donner un retour direct sur l'expérience. Et on voit qu'effectivement, tout évolue très vite. Donc là, on est sur la source première qui sont nos visiteurs.

Nos visiteurs en fait sont vraiment assez variés. On a vraiment des familles avec des enfants en bas âge. On a aussi des grands-parents qui emmènent des petits-enfants. On a des familles complètes et qui dit famille complète, dit adolescent aussi.

Donc sans avoir pour objectif de devenir vraiment un parc à sensations fortes ou en tout cas un parc spécialement pour les ados, on avait fait le constat en 2016 que dans un sondage, en fait que les ados d'une famille préféraient ne pas venir que de rester avec leur famille pour une journée à Fraispertuis.

Et du coup, nous, c'était un petit peu la pire configuration parce que nous, avant tout, on veut quand même que ce soit un lieu où la famille se retrouve, où les gens passent du bon temps et créent des souvenirs ensemble.

L'importance de l'écoute client

Pauline : C'est intéressant ce que tu dis déjà c'est que par rapport aux critères ou comment vous faites pour évaluer et décider de quelle attraction vous mettrez en place pour développer le site, c'est l'écoute des visiteurs c'est quand même ce que vous mettez au centre en tout cas l'expérience visiteurs.

Patrice Fleurent : Pour revenir à l'apport qu'on donne aux visiteurs, enfin à l'avis des visiteurs est intéressant, parce que pendant... Allez, on va faire notre 60 ans l'année dernière. Je crois qu'il y a à peu près une dizaine d'années qu'on enlevait, mais on avait une boîte à suggestion. C'est-à-dire qu'il y avait carrément une petite cabane à la sortie du parc, avec un calepin, et donc les gens, alors bien sûr, il y avait 200 à dépouiller, dont plein de bêtises, des dessins ou des choses, mais il y avait peut-être 5 ou 6 choses intéressantes.

Et puis, c'est vrai que les réseaux sociaux ont remplacé un peu cette boîte à suggestion qu'on peut imaginer.

Les critères de choix d'une nouvelle attraction

Patrice Fleurent : Après, le choix d'une attraction, c'est aussi... Alors, il y a déjà un coup de cœur. Il y a plusieurs critères. Vous avez le critère financier de capacité d'investissement, le critère d'espace pour la mettre dessus, parce que aujourd'hui, on sait que Fraispertuis est assez confiné, on a besoin de parking.

On sait qu'on peut très bien mettre une attraction qui va générer 50 000 visiteurs de plus, mais ce sera forcément, ce genre d'attraction, il faudra que ce soit une attraction à sensation pour ados. Parce que même si on prend en considération, vous pouvez mettre n'importe quelle bonne attraction pour famille, elle ne générera pas 50 000 visiteurs de plus sur une saison.

L'accessibilité au cœur des préoccupations

Patrice Fleurent : Il y a peut-être une demande d'attractions accessibles aux petits, parce que c'est vrai que les normes ont fait remonter la hauteur d'accessibilité. Ce qu'on peut nous reprocher dans les parcs aujourd'hui, c'est d'avoir peu d'attractions pour partir de 1 mètre, voire moins.

L'idée, c'est ça aussi, c'est accessible aux petits et accessible aux personnes en situation de handicap. Et donc, de faire le maximum d'accessibilité pour cette attraction. Même si ça a un surcoût, ça peut aller de 4 000, 5 000 euros pour l'équipement PMR à 50 000, voire plus, euros de surplus pour la rendre accessible.

L'impact des grosses attractions

Patrice Fleurent : Parce que c'est quand même des grosses attractions, si on regarde l'histoire de Fraispertuis et ses progressions des visiteurs, à chaque fois qu'il y a eu un palier de grosses attractions, il y a eu un palier de 50 000 visiteurs en gros. Donc vous retrouvez Timber, vous retrouvez... Alors la crique des pirates a généré ça, et comme disait Fredo, c'est quelque chose de très familial, très interactif, même avec les gens qui regardent.

L'importance du décor et de l'immersion

Frédéric Beck : Moi, je pense qu'au niveau de l'expérience qu'on souhaite à Fraispertuis, évidemment, le cœur, ça reste les attractions. Mais on sait qu'au cours d'une journée, il n'y a pas que ça qui compte.

Du coup, depuis vraiment très, très longtemps, Fraispertuis, il a intégré cette notion de thématique et de décor dans ces attractions. Et ça s'accentue avec les années, parce qu'on voit que le marché complet va vers ça. Tous les parcs, même avec des budgets vraiment très restreints, font de plus en plus cet effort.

Et ils ont raison, parce que ce que les gens viennent aussi chercher, c'est quand même vraiment de la détente, du dépaysement et donc oublier le quotidien. Et pour ça, rien de mieux que d'être immergé dans un univers, dans un décor.

Le studio photo : un rituel familial

Patrice Fleurent : Le studio, c'est aussi un coup de cœur qu'on avait eu à PortAventura avec mes enfants et mon épouse. Et le rituel effectivement de cette photo qui était posée sur la cheminée avec chaque année le visage jusqu'au jour où mon fils n'a plus voulu poser avec ses vieux parents sur une photo.

Et on le revoit aujourd'hui, c'est que les visiteurs vont appeler avant, et maintenant on travaille sur réservation avec ce studio photo, parce que les gens sont vraiment déçus quand tous les créneaux sont pris, parce que pour le coup, ils ne feront pas la photo, la fameuse photo de l'année.

Animer les files d'attente

Patrice Fleurent : Après, la thématisation, c'est aussi le meilleur moyen de rendre les files d'attente beaucoup moins longues quand les visiteurs ont quelque chose à voir. Et ça, on essaye dans nos attractions de mettre de la déco, des trucs de brocante, des choses qu'on nous donne, ou de faire passer la file d'attente à un endroit.

Pauline : La thématisation qui est un vecteur d'immersion. On le dit souvent dans le podcast de Visiteurs 360, c'est un vecteur d'immersion et donc par ricochet souvent d'émotions. Les sites de loisirs et aussi bien les sites culturels ont bien compris que pour faire vivre des moments forts et mémorables, eh bien, chaque détail compte pour faire entrer le visiteur dans un monde à part.

Le fil rouge du chiffre 66

Patrice Fleurent : Avec ce personnage fantastique qui est le Golden Driller et qui existe sur la route 66. En plus, il y a toute cette cohérence des années 66. Le parc est écrit en 66. Le Golden, c'est sur la route 66. La hauteur de la tour fait 66. Et toutes les attractions qu'on fait, vous retrouverez toujours le 66 de la date de création, que ce soit sur l'El Molcajete, que ce soit sur les Draisines, que ce soit sur Sawmill.

Mirabelle : J'aime beaucoup cette idée du chiffre 66 comme fil rouge qu'on retrouve un peu partout dans le parc. Je ne sais pas si les visiteurs connaissent ce petit détail, mais en tout cas, je trouve que ça peut être aussi sympa d'en parler et que ça soit un peu... un peu pas comme où est Charlie, mais un petit peu essayer de trouver à chaque fois le signe 66 sur toutes les attractions.

Une collaboration authentique avec Tulsa

Patrice Fleurent : Il faut savoir que la statue existe à Tulsa. Elle fait 44 mètres de haut, on a eu la ville de Tulsa, on a eu les autorisations, on a les clés de la ville de Tulsa, il y a eu une vraie histoire, une délégation est venue pour l'inauguration.

Frédéric Beck : Oui, on a vraiment pris contact avec plusieurs personnalités de la ville, la mairie, la responsable du musée historique de la ville. On a lancé un peu ces bouteilles à la mer et puis effectivement, on a eu la chance d'avoir des réponses et de trouver vraiment des gens hyper enthousiastes sur notre projet.

Il y a eu une proclamation qui a été faite par le comté de Tulsa pour autoriser Fraispertuis à utiliser ce nom et vraiment aussi apporter la fierté qu'ils avaient qu'un parc, enfin... En tout cas, un élément français joue comme ça le jeu de mettre à l'honneur un symbole de leur ville.

Ce que les visiteurs doivent retenir

Mirabelle : Qu'est-ce que vous espérez que les visiteurs retiennent d'une journée à Fraispertuis ?

Patrice Fleurent : Pour moi, c'est clair que c'est la journée de détente complète en famille.

Frédéric Beck : Moi, je n'ai pas mieux à dire. Je pense que là, Patrice a tout dit. Effectivement, que la famille se retrouve et que toutes les générations aient leur moment fort au cours de la journée. Vraiment, je pense que c'est ce qu'on souhaite le plus et ça se joue effectivement, comme on l'a dit, sur plein d'aspects.

Mot de conclusion

Pauline : Dans cet épisode, on a parlé d'équilibre entre générations, d'émotions partagées, de sensations, de cette volonté constante de créer des souvenirs pour tous les visiteurs, des tout-petits aux grands-parents.

Et ce qu'on retient, c'est qu'un parc de loisirs, ce n'est pas seulement des attractions, c'est une vision, une histoire de famille et une promesse d'expérience renouvelée saison après saison. Et c'est aussi un engagement à s'adapter aux envies qui évoluent, parce qu'elles évoluent vite, au public qui change, en restant fidèle à une identité et à une passion transmise de génération en génération.

Fraispertuis nous rappelle qu'au-delà des manèges, des décors, de la thématisation, ce sont les instants de complicité, les rires partagés et les émotions vécues ensemble qui restent gravées dans les mémoires de nos visiteurs.

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